“Turner is a supreme storyteller, using the public space to carve out meaning for his personal pursuit of identity and truth…. This is an artist who commands attention and demands of himself a depth of reflection that is all too rare on our stages.” - Philip Szporer, The Dance Current
Chorégraphe/interprète : Andrew Turner | Conseillère dramaturgique : Thea Patterson, avec Amélie Rajotte et Anne Thériault | Conception d’éclairages : Paul Chambers | Conception musicale : David Drury| Directeur Technique: Lee Anholt | Vidéaste: Clark Ferguson | En co-production avec Danse-Cité | Première : 16 fevrier, 2022, La Chapelle scènes contemporaines
Ce projet s'est articulé autour d'un ensemble de dix-huit "pratiques" aux textures variées, certaines strictement liées à la danse et d'autres issues d'une dispersion de mes quasi-obsessions - de la parole (et du chant) à l'envers au filage au sabre laser. Chaque pratique s'inspire d'une traduction récente de l'Odyssée d'Homère par Emily Wilson (2017) - la première version rédigée par une femme érudite, acclamée pour sa perspective critique contemporaine sur ce mythe fondateur.
J'ai découvert la version étonnamment subversive de Wilson à un moment où je réévaluais ma propre conception de la masculinité et de la virilité - deux notions qui fusionnent malheureusement trop souvent. L’Odyssée présente un modèle occidental précoce de certaines des notions incontestées et ambivalentes de la masculinité qui prévalent aujourd'hui. Ayant moi-même lu le mythe pendant mon enfance, je crois que ma propre "sous-structure" masculine a émergé, en partie, en réponse à ces histoires de "roi guerrier" et de "noble vagabondage" à son retour de dix ans de la guerre de Troie. L'Odyssée de Wilson est plus discutable et beaucoup moins héroïque : un capitaine raté, arrivant à Ithaque seul après avoir mené son équipage à la mort ; antisocial et adultère ; une figure colonialiste menteuse et en maraude.
18 P_R_A_C_T_I_C_E_S n'est pas une pièce "sur" l'Odyssée, mais plutôt une "réponse" dansée au poème. La métaphore archéologique du "palimpseste" a été notre guide : des textes anciens, grattés sur des parchemins pour faire place à des documents plus récents, mais qui restent visibles en dessous. La pièce cherche donc à explorer les traces complexes et stratifiées des récits et des comportements existant sous le "je" apparemment stable.